L’idée moderne de préserver les corps pour une réparation future est attribuée à une histoire de science-fiction, The Jameson Satellite, écrite par Neil R. Jones en 1931.
Robert CW Ettinger a popularisé le concept de conservation cryonique avec son livre, The Prospect of Immortality (1964), dans lequel il a suggéré que la congélation était la partie facile du processus et pouvait être accomplie avec la technologie actuelle. Il supposait que le processus compliqué de décongélation pourrait être résolu avec les progrès de la science.
Mais qu’en est-il de la cryogénisation aujourd’hui face aux progrès de la science ?
La cryogénisation humaine où en est la science ?
La cryogénisation est un processus de congélation permettant de maintenir les cellules dans leur état actuel sur une très longue période.
La cryoconservation permet de mettre le corps en pause biologique complète. Une fois cryoconservé, un corps peut rester dans cet état aussi longtemps qu’il est nécessaire pour qu’un réveil soit possible.
La première personne à avoir été intentionnellement « congelé » dans l’idée de lui redonner vie après les avancées de la science médicale était celui du professeur James H. Bedford.
Un professeur de psychologie à la retraite de 73 ans adepte de la cryonie, décédé le 12 janvier 1967.
Cependant, la France considère la cryonie comme un mode de sépulture, et non comme un traitement médical.
Bien que la loi du 18 novembre 1887 rapporte que chacun est libre d’organiser ses funérailles à sa convenance, seuls l’inhumation, la crémation ou le don à la science sont autorisés.
Aux États-Unis, la cryogénisation est légale, et principalement délivrée par les fondations à but non lucrative Cryonics Institute et Alcor. Elle est également autorisée en Chine et en Russie.
Cependant, la cryonie ne peut être pratiquée qu’après la mort légale du patient, les individus cryonisés sont donc considérés comme légalement morts.
À ce jour, plus de 300 personnes reposent dans l’attente d’être ressuscitées. Parmi eux, une jeune fille de 14 ans atteinte d’un cancer incurable a été autorisée à quitter l’Angleterre pour être cryogénisée chez Cryonics Institute dans l’état du Michigan aux États-Unis.
Tout comme plus de 2 000 personnes ont souscrit à un contrat de cryogénisation, qui prendra acte une fois leur heure venue.
Le prix de la cryogénisation humaine varie en fonction des organisations ou du service. Mais il faut compter entre 28 000 et 80 000 dollars pour une neuropréservation et pas moins de 200 000 dollars pour une préservation du corps en entier. (Source: Alcor pdf )
Quant à la société tomorrow biosatasis, elle propose une formule à partir de 35€ par mois.
Mais qu’arrive-t-il à votre corps lorsque vous décédez ?
Comment se déroule la cryogénisation ?
La cryogénisation reste une opération assez délicate, même pour la science moderne.
Une fois que les techniciens en cryonie ont pris le contrôle d’un cadavre, ils réinstaurent la réanimation cardio-pulmonaire et, le plus rapidement possible, placent le corps sur un cœur-poumon artificiel similaire à celui utilisé dans une salle d’opération.
Attacher un corps à cette machine prend un temps considérable, même entre les mains les plus expertes.
Les techniciens doivent non seulement mettre en place ce dispositif compliqué, mais également insérer des cathéters dans la grande artère fémorale et la veine de l’aine. Les cryonistes disent que dans des circonstances optimales, un corps peut être sur la machine dans les trente minutes qui suivent la mort.
Une fois le corps attaché à cette machine, les techniciens refroidissent rapidement le sang, puis le corps. Un premier refroidissement assez rapide d’une quinzaine de minutes à peine.
Les techniciens administrent ensuite des médicaments censés réduire les dommages causés par la diminution de l’oxygène dans les tissus.
Ils plongent ensuite le corps dans un bain d’huile pendant 36 à 48 heures, le refroidissant à une température proche de celle de la neige carbonique -78,5°C.
Lorsque le corps atteint cette température, il est enveloppé dans un sac de couchage prérefroidi, placé à l’intérieur d’une capsule de protection en aluminium, et abaissé dans un récipient isotherme auquel de l’azote liquide est ajouté à plusieurs reprises en petites quantités.
Le corps se refroidit progressivement sur cinq jours jusqu’à -196°C.
Si la mort survient à un endroit où les techniciens ne sont pas disponibles, les cryonistes suggèrent qu’un entrepreneur de pompes funèbres coopératif administre les « premiers soins » cryoniques en remplaçant le sang par une solution commerciale utilisée pour conserver les organes en vue de la transplantation.
Il doit ensuite emballer le corps dans de la glace et le transporter jusqu’à l’organisation cryogénique pour une cryoconservation « permanente ».
Toutefois, les partisans radicaux de la cryonie affirment qu’il serait préférable d’euthanasier et conserver cryogéniquement le cerveau des patients juste avant la mort clinique, et même plus tôt chez ceux atteints d’une maladie cérébrale dégénérative, comme la maladie d’Alzheimer.
On ignore si des personnes ont été tuées puis congelées par cryogénisation. Rappelons que l’euthanasie active n’est autorisée que dans quatre pays : la Colombie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg.
Une créature revenue à la vie après 24 000 ans.
La cryogénisation est désormais une technique bien établie de conservation des corps. En revanche, la sortie du processus n’est pas encore maitrisée. Serons-nous en mesure de le faire un jour ?
Si l’on observe la nature, des organismes multicellulaires en sont capables.
Des scientifiques russes ont découvert une minuscule créature d’eau douce, appelée rotifère bdelloïde, dans le sol riche de la rivière Alazeya, dans la région sibérienne de l’extrême nord de la Russie, en Yakoutie.

Cet organisme multicellulaire est connu pour être extrêmement résistant, capable de survivre au froid extrême, à la sécheresse, à la famine et au manque d’oxygène.
Les recherches antérieures ont montré que la créature pouvait survivre une décennie lorsqu’il était gelé à -20 degrés Celsius.
Mais une nouvelle étude publiée par la revue Current Biology offre un témoignage étonnant de la capacité de survie de ce petit animal, qui est de loin, la plus longue période de survie connue de n’importe quelle créature dans le monde.
En effet, cette créature microscopique est revenue à la vie et s’est reproduite de manière asexuée après 24 000 ans de dormance dans le pergélisol de Sibérie. (Source: Current Biology )
« Notre rapport est la preuve la plus solide à ce jour que les animaux multicellulaires pourraient résister à des dizaines de milliers d’années en cryptobiose, l’état de métabolisme presque complètement arrêté« , a déclaré Stas Malavin, auteur de l’étude, dans un communiqué .
Mais une fois que l’ancien organisme a décongelé, il s’est reproduit tout seul par un processus de parthénogenèse.
Les chercheurs ont ensuite découvert qu’il pouvait supporter d’être congelé et décongelé à plusieurs reprises des dizaines de fois en raison de ses processus innés de protection des cellules et des organes.
« Le point à retenir est qu’un organisme multicellulaire peut être congelé et stocké comme tel pendant des milliers d’années, puis revenir à la vie – un rêve de nombreux auteurs de fiction« , a déclaré Malavin.
« Bien sûr, plus l’organisme est complexe, plus il est délicat de le conserver vivant congelé et, pour les mammifères, ce n’est pas possible actuellement « .
« Pourtant, passer d’un organisme unicellulaire à un organisme avec un intestin et un cerveau, bien que microscopique, est un grand pas en avant. » , a ajouté le scientifique.
Les chercheurs pensent que les connaissances acquises grâce à l’étude de l’organisme microscopique apporteront de nouvelles informations sur la manière de préserver les cellules, les tissus et les organes des animaux, y compris ceux appartenant aux êtres humains. ( Source: AAS )
Fabriquer artificiellement des molécules cryoprotectrices.
La conservation des organes humains reste un problème majeur.
Plus de 60% des cœurs et des poumons prélevés chaque année sont perdus. Ces organes ne se conservent pas plus de quatre heures sur de la glace. Cette durée est de 8 à 12 heures pour le foie et le pancréas; et jusqu’à 36 heures pour le rein.
La cryobiologie, c’est la possibilité de conserver des tissus par un froid extrême et là encore, les chercheurs vont s’inspirer de la nature pour parvenir à leur fin.
Il faut savoir qu’à travers les extremophiles, la vie trouve toujours un moyen de s’adapter.
Il n’est donc pas surprenant que les poissons vivants dans les eaux glaciales de l’Arctique et de l’Antarctique puissent fournir l’inspiration pour une nouvelle génération de molécules cryoprotectrices.
Le poisson et d’autres extrémophiles à température froide produisent des protéines qui peuvent reconnaître et se lier à la glace pendant sa formation, agissant comme un antigel.
Le professeur Matthew Gibson, de l’Université de Warwick au Royaume-Uni, à tenter de recréer les capacités des protéines de liaison à la glace à l’aide de polymères synthétiques.
Ces polymères ont l’avantage d’être plus faciles à régler ou à « ajuster » en fonction de leur objectif et il est possible d’en fabriquer à grande échelle. ( Source: Horizon )
Le professeur a pu montrer que ses polymères peuvent diminuer la quantité de solvant nécessaire à la cryoconservation, réduisant ainsi les dommages causés aux cellules.
Mais la principale difficulté à laquelle sont confrontés les adeptes de la cryogénie se trouve dans les différentes conditions de décongélation.
Pour éviter d’endommager les cellules pendant la réanimation, même différents types de cellules côte à côte dans un même organe, peuvent nécessiter différentes techniques de décongélation.
Même les fervents défenseurs de la cryonie admettent que la science et la technologie nécessaires pour faire revivre un corps conservé par cryogénisation relèvent toujours du domaine de la science-fiction.
La cryogénisation l’art d’arrêter le temps.
La cryogénisation reste un sujet controversé et qui juridiquement, soulève des questions. Elle suspend tout, et même la mort entre en dormance.
Que l’on évoque la congélation d’une personne vivante ou décédée, que devient le statut juridique du corps congelé qui apparait comme « vacant » ?
Finalement, la cryogénisation se présente comme une détemporalisation en plaçant un individu hors du temps.
Si cette technologie venait à être maitrisée, l’homme serait sans aucun doute à un tournant de son histoire.
0 commentaires