Le panpsychisme, serait-il la réponse au problème de la conscience? Pourtant, la pensée dominante en ce début du XXIe siècle affirme que la conscience n’est présente qu’au niveau biologique. Plus précisément, la conscience émergerait uniquement chez les espèces munies d’un cerveau et d’un système nerveux.

Seulement face au problème difficile de la conscience, certains chercheurs préfèrent orienter leurs recherches vers d’autres hypothèses.

Le panpsychisme fait partie de ces théories qui tentent d’expliquer la conscience. Elle part du principe que la conscience est une caractéristique fondamentale de la matière et omniprésente de l’univers. Plus simplement pour les panpsychistes l’esprit est partout (c’est la définition même du mot panpsychisme).

Le panpsychisme face aux scientifiques.

Cette idée est loin d’être nouvelle, les premiers à défendre l’idée du panpsychisme, remontent peu de temps avant Socrate, vers le VIe siècle avant J-C.

Mais l’idée du panpsychisme devient populaire au XVIIIe siècle, les partisans du matérialisme des lumières ont élaboré une théorie selon laquelle, la matière ressentirait des émotions indépendamment des organismes. Cette vision des choses donnera naissance au vitalisme. Pour approfondir le sujet, il existe un ouvrage intitulé « l’homme machine » en 1748 de Julien de La Mettrie.

Mais c’est au XIXe siècle que le panpsychisme atteint une certaine domination, particulièrement en Allemagne. Eduard Von Hartmann, un philosophe allemand, affirme qu’en plus du côté psychique conscient, existerait un « inconscient  » intelligent et doué de volonté.

Ernst Haeckel, un fervent défenseur de la théorie de Darwin écrira

« Je considère toute la matière comme animée, c’est-à-dire dotée de sensations (plaisir et douleur) et de mouvements ».

Pour lui, toutes les créatures vivantes telles que les microbes, ont des actions physiques conscientes. Mais pour Ernst la matière inorganique aurait également un aspect mental et cite:

« Les qualités psychiques élémentaires de la sensation et de la volonté que l’on peut attribuer aux atomes sont inconscientes ».

Tout possède la vie y compris la matière brute, mais à des degrés différents (les merveilles de la vie 1904)

La science rejette l’idée d’un univers conscient.

Au XXe siècle, le panpsychisme est presque unanimement rejeté, celui-ci étant considéré comme une idée absurde. En effet, le scientisme prédominant du XXe siècle, part du principe que la tentative de montrer que toute question à laquelle il n’est pas possible de répondre par la recherche scientifique, est insignifiante.

Cependant, ce projet a échoué et la science ne parvient toujours pas à résoudre le problème de la conscience. De ce fait, la métaphysique fait son grand retour dans la philosophie.

Parallèlement, il y a un mécontentement croissant à l’égard des approches physicalistes de la conscience et le sentiment qu’une approche radicalement nouvelle s’impose. De ce fait, le panpsychisme redevient de plus en plus considéré comme une option sérieuse, pour tenter d’expliquer la conscience.

Quel est la place du panpsychisme de nos jours ?

Aujourd’hui, le panpsychisme peut paraître encore caricaturé, par l’idée que toutes les entités physiques fondamentales ont des pensées. Que les électrons subissent des peurs ou des angoisses existentielles.

Seulement, le panpsychisme tel qu’il est défendu, est l’idée que la conscience est fondamentale et omniprésente. Mais cela n’implique pas nécessairement quelque chose d’aussi complexe et sophistiqué que les pensées.

Bien entendu chez l’homme la conscience est sophistiquée, impliquant des pensées et expériences sensorielles complexes. Mais il n’y a aucune incohérence avec l’idée que la conscience puisse exister sous des formes plus simples, voir extrêmement basique.

Prenons l’exemple des expériences conscientes d’un chien, celles-ci seront moins complexes que celle de l’être humain. Mais que les expériences conscientes d’un rat, sont beaucoup moins complexes que celles d’un chien. Avec cette vision du panpsychisme, au fur et à mesure que les organismes deviennent plus simples, la lumière de la conscience s’éteint petit à petit.

Seulement, il est également possible, que cette lumière ne s’éteigne jamais complètement. La conscience s’estompe au fur et à mesure que la complexité organique diminue, laissant ainsi une très faible lueur de conscience chez les insectes, plantes ou encore bactéries.

Rappelons que dans notre organisme certaines cellules sont capables de prendre des décisions, ainsi un globule blanc sait faire la différence entre un pollen inoffensifs et des bactéries ennemies et agir en conséquence. Mettant en avant une forme d’intelligence cellulaire.

Pour un panpsychiste, cette lueur de conscience ne s’éteint jamais, mais s’estompent encore plus loin, jusqu’à la matière inorganique, avec des entités physiques fondamentales tels que les électrons, possédant peut-être des formes extrêmement rudimentaires de conscience.

Les arguments en faveur du panpsychisme.

La théorie du panpsychisme, possède quelques points forts. Cette théorie offre l’espoir d’une image élégante et unifiée du monde.

La plupart des scientifiques avancent que la conscience n’est que le résultat d’une interaction physique. Seulement, aujourd’hui nous n’avons pas la moindre idée sur la façon de donner un sens aux émotions ou ressenti générée par ces interactions physiques matérielles. Les explications mécanistes ne fournissent aucune explication sur l’existence de l’expérience.

Mais étant donné les difficultés pour tenter d’expliquer pleinement la conscience en terme physique, il serait peut-être temps d’explorer d’autres options.

Et le panpsychisme en est une pour la science. En effet, les panpsychistes ne déclarent pas que la conscience animale et humaine est un mystère qui est arrivé comme par magie. Il tente d’expliquer la conscience animale et humaine en termes de formes de conscience plus fondamentales, la conscience des entités matérielles de base comme les quarks et les électrons.

La théorie d’un univers conscient est loin de faire l’unanimité.

Même si le panpsychisme retrouve une crédibilité, l’hypothèse selon laquelle les particules élémentaires posséderaient une forme de conscience extrêmement basique a du mal à convaincre.

En effet, une conviction règne depuis quelque temps, celle de penser que la physique est en voie de nous donner une image complète de la nature. Or, penser que la physique est susceptible de nous donner une explication complète de l’univers, en avançant l’hypothèse d’un univers rempli de conscience reste aujourd’hui improbable, car ce n’est pas ce que la physique prétend.

Mais, si le panpsychisme peut nous fournir un récit cohérent sur la nature de la conscience, ne faudrait-il pas le considérer avec un peu plus de sérieux ?

Pour approfondir le sujet, une conférence d’Emmanuel Ransford sur « la conscience est elle quantique? »

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