Peut-on encore au XXIe siècle dissocier le savoir acquis par la science, des implications métaphysique, philosophique ou religieuse qui résulte de cette connaissance? Certes le sujet est assez provocateur et suscite généralement de vives émotions pouvant conduire à des discours endiablés.
Et pour cause, au XVIIIe siècle la science était parvenue à rayer « dieu » de l’équation, persuader de vivre dans univers infini, qui n’a ni commencement ni fin, où la réalité repose uniquement sur la matière et n’a aucune autre dimension, et encore moins de dimension « spirituelle ».
Cette vision du monde qui dissocie science et religion, est la conséquence de quatre siècles de découvertes scientifiques qui ont eu lieu du XVIe siècle jusqu’au début du XXe siècle. Ces quatre siècles constituent une révolution intellectuelle, et grâce à ces découvertes, la science n’avait plus besoin de Dieu pour comprendre le monde.
Les principales découvertes scientifiques qui se sont opposées à la religion :
– l’héliocentrisme de Copernic (1543) démontre que la Terre tourne autour du soleil, s’opposant ainsi au modèle religieux du géocentrisme.
– La théorie de la gravitation de Newton (1687) qui apporte une description mathématique d’un univers simple et compréhensible sans aucune manifestation divine.
– Le déterminisme de Laplace (1805) considère chaque événement comme déterminé par les événements passés. Le déterminisme vient s’opposer au fatalisme qui suppose la manifestation nécessaire d’un phénomène indépendant de ses conditions.
–La théorie de l’évolution de Lamarck (1809) qui élabore une théorie sur l’origine des êtres vivants à partir d’une évolution naturelle, s’opposant ainsi au créationnisme.
–La sélection naturelle de Darwin (1859) nous apprend que l’évolution résulte d’une sélection naturelle, sans aucune intervention divine.
-Le marxisme de Karl Marx (1870) une théorie qui aborde à la fois la philosophie, la sociologie, l’analyse économique du capitalisme dans le cadre du matérialisme et de la science.
Ces connaissances sont devenues les piliers de la science matérialiste qui considère le monde comme régi par des forces exclusivement physiques et constitué uniquement d’entités matérielles.
Seulement, les avancées scientifiques du XXe siècle sont venues bouleverser cette vision du monde et ébranler les fondements mêmes du matérialisme.
Et pour cause, lorsqu’il s’agit de penser l’origine de l’univers, l’évolution de l’homme dans l’histoire ou encore de décrire la structure du réel les points de divergence ne manquent pas, et les découvertes de ces dernières années ont forcément des implications philosophiques et métaphysiques.
- Science et religion dans la littérature.
- Dieu la science les preuves.
- Science, religion et dictature.
- Science et philosophie orientale.
- Pourcentage de scientifiques croyants.
Science et religion dans la littérature.
Science et quête de sens est un ouvrage rédigé sous la direction de Jean Staune, maître-conférence à HEC, secrétaire général de l’université interdisciplinaire de Paris.
Pour Jean Staune, les découvertes scientifiques ont par elles-mêmes des implications philosophiques et métaphysiques, considérant notre existence comme le résultat d’un processus, voire d’un projet.
Dans son ouvrage, il met l’accent sur deux points :
Le premier point abordé concerne cette divergence entre la science et la religion, qui n’est plus tenable.
Il faut admettre qu’il existe, aux frontières de la science, un domaine où l’intersection de celle-ci avec les religions, la spiritualité, le sens n’est pas nulle. Où des questions philosophiques et métaphysiques doivent être abordées même si elles dépassent le cadre strict de la science, car elles sont induites par des découvertes scientifiques.
Le deuxième point concernera les découvertes scientifiques qui nous incitent à penser que nous sommes bien plus que le résultat d’évènements fortuits et sans significations.
De l’étude de l’infiniment petit à celle de l’infiniment grand, de l’étude de la vie à celle de la conscience une nouvelle vision du monde a déjà émergé.
Ces deux points constituent le cadre de cet ouvrage qui fera intervenir différents auteurs qui sont tous des scientifiques de haut niveau, dont 4 d’entre eux ont reçu le prix Nobel.
Mais quelles sont ces découvertes scientifiques qui nous invitent à réfléchir sur le sens et la place de l’homme dans l’univers ?
Dieu, la science les preuves.
Cet article ne pouvait passer à côté de l’excellent ouvrage au titre provocateur « Dieu la science les preuves » de Michel Yves Bolloré et Olivier Bonnassies.
Ce livre expose avec la plus grande clarté les découvertes qui sont venues dynamiter les certitudes, ancrées dans l’esprit collectif du XXe siècle.
Il est le fruit d’un travail collectif de plusieurs années, intégrant les conseils de nombreux spécialistes, provenant chacun des différentes branches de la science.
L’ouvrage se décompose en deux parties, une partie scientifique, et une seconde qui met l’accent sur la tradition judéo-chrétienne et les analogies entre la genèse et la théorie du Big Bang.
Pour reprendre le terme des auteurs : Sommes-nous à l’aube d’une révolution ?
Au cours du XXe siècle, nous avons assisté à un retournement complet de tendance en ce qui concerne les implications métaphysiques, à tel point que « le matérialisme, qui n’a jamais été qu’une croyance comme une autre, est en passe de devenir une croyance irrationnelle. »
Les arguments en faveur de ce retournement sont multiples et les auteurs les énumèrent tels quels.
- La mort thermique de l’univers, issue de la thermodynamique en 1824, confirmée en 1998 par la découverte de l’expansion accélérée de l’univers. Cette mort thermique implique que l’univers a eu un début : Or tout début suppose un créateur.
- La théorie de la Relativité, elle affirme que le temps, l’espace et la matière sont liés et qu’aucun des trois ne peut exister sans les autres. Ce qui implique que s’il existe une cause à l’origine de notre univers, elle est nécessairement non temporelle, non spatiale et non matérielle.
- Le Big Bang théorise dans les années 1920 par Friedmann et Lemaître puis confirmé en 1964. Il décrit le début de l’univers de façon si précise et spectaculaire qu’il a provoqué une véritable déflagration dans le monde des idées, au point que, dans certains pays c’est au péril de leur vie que les scientifiques l’ont défendu ou étudié.
- Le réglage fin de l’univers est un sujet que nous avions abordé dans l’article : Pourquoi le réglage fin de l’univers pose-t-il problème à la science ? Il pose un tel problème aux cosmologistes matérialistes que, pour le contourner, ceux-ci s’efforcent d’élaborer des modèles purement spéculatifs et parfaitement invérifiables d’univers multiples, successifs ou parallèles.
- La biologie, qui a mis en évidence à la fin du XXe siècle la nécessité d’un réglage fin supplémentaire de l’Univers : celui qui a permis le passage de l’inerte au vivant. En effet, ce que l’on estimait auparavant n’être qu’un saut à effectuer d’un côté à l’autre du fosséséparant l’inerte le plus complexe connu, du vivant le plus simple connu, s’est révélé en réalité le franchissement d’un gouffre immense, qui n’a certainement pas pu se réaliser par les seules lois du hasard.
En d’autres termes, que l’on aborde le Big Bang, le réglage fin de l’univers ou encore l’apparition du vivant, on arrive à l’inévitable conclusion, que le hasard n’a pas sa place.
Pour donner du crédit à la « théorie du hasard » il faut recourir à l’hypothèse spéculative d’un nombre gigantesque d’univers parallèles (au-delà de 10 puissance 120 univers, soit plus que le nombre de particules qui composent notre univers). De plus, Ces univers parallèles seraient générés par un mécanisme dont nous ignorons tout.
Selon le mot du professeur Neil Manson : « L’hypothèse des multivers est suspectée d’être le dernier recours pour les athées désespérés. » ( God and design : The Teleological Argument and Modern Science).
Science, religion et dictature.
On appréciera également dans l’ouvrage Dieu la science les preuves, l’approche concernant un aspect assez méconnu de l’histoire sur la persécution idéologique des savants du Big Bang.
Une traque qui a commencé en URSS sous le régime bolchévique, Lénine friand des idées matérialistes découlant du Marxisme considère la religion comme l’Opium du peuple et veut mettre un terme à l’idée de Dieu.
Une police politique sera créée en 1922 dans le but de faire taire la religion. À partir de 1925, avec l’arrivée de Staline au pouvoir la violence monte d’un cran, les monastères sont brûlés et les églises détruites, mais la folie de Staline ne s’arrêtera pas ici.
Face à une science qui remet en cause les idées matérialistes et par conséquent celle du marxisme, Staline va donner l’ordre d’éliminer tous ceux qui, parmi les scientifiques s’opposent au matérialisme dialectique.
Il faut avoir à l’esprit que la mort thermique de l’univers, et son expansion soulevait déjà depuis quelques années des questions métaphysiques.
Mais la théorie du Big Bang venait directement remettre sur le devant de la scène l’idée d’un Dieu créateur de l’univers.
Par conséquent, de nombreux scientifiques talentueux, parfois jeunes, ont été sous ce régime totalitaire, emprisonné, conduit au goulag, assassiné ou encore fusillé pour avoir étudié et défendu la théorie du Big Bang.
Il en sera de même pour les scientifiques allemands sous le régime nazi… ( Source : Dieu la science les preuves)
Dieu la science les preuves est en grande partie consacré à l’histoire du Big Bang, mais il aborde en profondeur les énigmes imposées par l’univers avec un langage clair, rendant sa lecture agréable.
« Ce livre est une très bonne présentation du développement de la théorie du Big Bang et de son impact sur nos croyances et notre représentation du monde » Robert Wilson auteur de la préface
Cet ouvrage qui est une invitation à la réflexion et au débat, nous montre avec de nombreux arguments qu’il est possible au XXIe siècle de ne plus dissocier la science et la religion.
Mais nous allons voir qu’il est de même avec plus anciennes traditions taoïstes et bouddhistes.
Science et philosophie orientale.
Cela peut paraitre surprenant, mais la science et la philosophie orientale possèdent également des points communs.
L’ouvrage la plénitude du vide met en relation les découvertes de la science moderne sur la notion de « vide » avec les intuitions des traditions taoïstes et bouddhistes.
L’auteur Trinh Xuan Thuan est un astrophysicien spécialisé dans l’astronomie extra galactique, et professeur d’astronomie à l’université de Virginie. Il est connu pour exposer à travers ses livres, ses positions en faveur du principe anthropique fort.
Mais dans l’ouvrage la plénitude du vide, il met l’accent sur l’importance du vide dans la création du monde qui nous entoure.
« Le vide existe, c’est donc qu’il n’est pas rien. Le vide est défini comme l’absence de matière dans un espace défini, qui peut être l’univers entier. »
On confond généralement le vide et le néant qui est une notion philosophique qui signifie l’absence d’existence.
Depuis l’avènement de la mécanique quantique, nous savons qu’à des échelles infinitésimalement petites le vide n’est pas vide, mais peuplé d’un nombre inimaginable de particules et d’antiparticules virtuelles.
En d’autres termes, le vide quantique est un vide plein, et nous savons aujourd’hui, que ce vide est à l’origine du contenu de l’univers.
Or, ce vide plein à l’origine de toute chose se retrouve dans le Taoïsme. Cosmologue et taoïste considèrent le vide comme la mère de l’univers.
L’un de père fondateur de la mécanique quantique Niels Bohr, fut profondément impressionné par le concept taoïste des pôles opposés le yin et le yang qui façonnent le réel.
Car la mécanique quantique fait également intervenir deux forces opposées pour décrire la naissance de l’univers matière et antimatière.
Niels Bohr a été fait chevalier par le roi du Danemark pour ses travaux scientifiques, il choisira pour blason le symbole représentant le couple Yin et Yang et la mention Contraria sunt complementa.
Pourcentage de scientifiques croyants.
Pour clore ce sujet concernant l’éternel débat entre science et religion, nous allons nous tourner vers une étude réalisée en 2009 aux États Unis intitulé Scientifiques et croyance.
Cette étude est tout simplement un sondage qui vise à déterminer le niveau de croyance au sein de la communauté scientifique.
Selon le sondage, un peu plus de la moitié des scientifiques (51%) croient en une forme de divinité ou en un pouvoir supérieur. Plus précisément, 33 % des scientifiques disent croire en Dieu, tandis que 18 % croient en un esprit universel ou une puissance supérieure.
Le sondage révèle également que quatre scientifiques sur dix (41 %) disent qu’ils ne croient pas en Dieu ou en une puissance supérieure.

Mais ce sondage va révéler quelque chose d’assez inattendu, les niveaux de foi religieuse varient selon l’âge.
Or, les jeunes scientifiques (âgés de 18 à 34 ans) sont plus susceptibles de croire en Dieu ou en une puissance supérieure que ceux qui sont plus âgés. ( Source: Pew Research Center )
Serait-ce les conséquences des découvertes du XXe siècle ?
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