Les poissons communiquent entre eux, même si plonger dans le fond des océans pour scruter les fonds marins procure une sensation de calme et de silence pour les plongeurs; le fond des océans est loin d’être paisible. On pourrait même affirmer que ça bavarde considérablement dans les grands fonds marins.
Les poissons communiquent et créent un vacarme sonore jusque dans le fond des océans ?
En effet, les poissons sont capables d’émettre une grande variété de sons et vont même jusqu’à s’exprimer différemment en fonction du jour et de la nuit.
Pour le professeur Éric Parmentier, professeur et directeur du laboratoire de morphologie fonctionnelle et évolutive de l’université de liège c’est une première. Il est l’un des rares experts européens; spécialisés dans l’étude des vocalisations des poissons, dont il connait tous les rouages. À l’aide d’un micro programmable, ce chercheur a pu mettre en place son expérience phonique. Il a découvert ainsi que le silence des profondeurs est rempli de sons divers.
Que ce soit pour défendre son territoire, trouver un partenaire sexuel, s’accorder pour émettre des gamètes (cellule reproductrice) où encore former un banc pour la chasse et dissuader les prédateurs; vous l’aurez compris, les poissons ont de multiples raisons de communiquer.
Les poissons communiquent en créant des sons diffèrent le jour et la nuit.
Au fil de ces recherches, des écoutes d’enregistrements, mais également des calculs statistiques; le professeur Parmentier remarque quelque chose d’étrange. Les sons sont différents en fonction du jour et de la nuit. Il explique cette différence, par le fait qu’il y ait davantage de contraintes environnementales durant la nuit.
« En effet, de jour, une conquête sexuelle peut s’exprimer par un changement de couleur ou encore une danse, autrement dit, par une attitude visuelle en complément du discours sonore. Mais une fois plongés dans le noir de la nuit, les poissons ne peuvent compter que sur leurs sons pour se faire comprendre de leurs congénères et parvenir à leur fin » chaque espèce a son propre langage.
C’est par 120 mètres de fond, dans la baie de Sodwana, au large de l’Afrique du Sud, que le professeur va déposer son micro. Pour l’expérience, il sera déposé dans une petite grotte sous-marine supposée être une antre à coelacanthes.

Le cœlacanthes est un poisson préhistorique. Plus vieux que les dinosaures, puisqu’on le trouvait déjà dans les eaux du globe il y a plus de 400 millions d’années.
Après une vingtaine de jours d’immersion du micro, retour à la surface, et direction le laboratoire de l’ULg pour analyser les résultats.
À la surprise générale, la mélodie sous-marine est loin d’être monotone.
« La diversité des sons est très impressionnante, c’est une grande richesse phonique qui s’ouvre à nous, révélant une abondance de vie sous-éstimée » Parmi les milliers de sons enregistrés, certains ont été mis en évidence, d’autres sons en revanche étaient très rares.
Mais un nombre suffisant de sons ont pu être isolés pour être étudiés. Il en conclut que chaque espèce a son langage propre, avec une fréquence particulière et des sons émis selon un code morse unique.
En revanche il est difficile d’identifier l’origine des sons, et de ce fait associer un son à une variété de poisson. « Le son est émis dans toutes les directions. Dès lors, l’individu passant devant l’objectif n’est pas nécessairement celui qui converse »
Par quel organes les poissons communiquent ?
La communication est possible grâce à la vessie natatoire ou le frottement d’éléments osseux. Certains poissons vont utiliser leur vessie natatoire pour communiquer, en émettant un son sourd. Les muscles soniques sont parmi les muscles les plus rapides des vertébrés et entraînent généralement la vessie natatoire pour produire un cycle sonore par contraction.
D’autres en revanche vont faire des sons de stridulation en frottant deux structures l’une à l’autre, comme les dents. C’est le cas des demoiselles qui communiquent ainsi pour attirer les femelles.
« Cette communication acoustique est essentielle dans de nombreux processus clés du cycle de vie des poissons, lors des interactions entre poissons adultes pour la défense d’un territoire, pour la recherche d’un partenaire sexuel »
remarque David Lecchini
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences
Vous avez aimé, partagez-moi !!