Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université RMIT en Australie analyse une lettre d’Albert Einstein récemment découverte et sa discussion sur le lien entre la physique et la biologie des décennies avant l’apparition de preuves sur le sujet.
La lettre de 1949 évoque les sens des abeilles et des oiseaux et fait allusion à un « processus physique qui n’est pas encore connu ».
Comme le soulignent les chercheurs dans leur étude, les processus physiques qui sous-tendent les comportements de plusieurs espèces biologiques sont étudiés aujourd’hui pour comprendre le monde naturel, mais aussi pour développer des technologies basées sur des comportements qui ont été affinés au cours des millénaires.
En particulier, de récentes découvertes sur les oiseaux migrateurs confirment la pensée qu’Einstein avait exprimé sur sa lettre, il y a 72 ans. En 2008, des scientifiques ont publié dans The Royal Society une étude prouvant que les oiseaux utilisent une forme de boussole magnétique pour migrer et naviguer sur le globe. Pour cette étude, les chercheurs ont équipé des grives d’émetteurs radio et les ont suivies pendant leur migration.
Bien que l’origine de ce sens magnétique chez les oiseaux ne soit pas encore totalement comprise, une théorie – exposée dans une étude parue dans la revue Nature en 2004 – évoque l’utilisation du hasard et de l’intrication quantiques, deux concepts de physique qui ont été proposés pour la première fois par Albert Einstein.
Un nouveau type de perception sensorielle.
La lettre, qui n’avait jamais été publiée, a été communiquée aux chercheurs du RMIT par Judith Davys, l’épouse du destinataire initial, le chercheur radar Glyn Davys.
Les chercheurs à l’origine de la nouvelle étude ont expliqué que la lettre montre comment Einstein a prédit, des décennies à l’avance, de nouvelles découvertes en physique, nées de l’étude des animaux.
« Sept décennies après qu’Einstein ait proposé que de nouvelles découvertes en physique puissent provenir de la perception sensorielle des animaux, nous assistons à des découvertes qui poussent notre compréhension de la navigation et des principes fondamentaux de la physique »
a déclaré Adrian Dyer, professeur associé au RMIT, dans un communiqué de presse.

La lettre, qui a été validée par l’Université hébraïque de Jérusalem, où Einstein a fait don de ses archives, est également un document historique qui prouve qu’Einstein a rencontré le lauréat du prix Nobel Karl von Frisch, un éminent chercheur sur les abeilles et les sens des animaux à son époque.
Dans sa lettre, Einstein déclare : « On peut penser que l’étude du comportement des oiseaux migrateurs et des pigeons voyageurs pourrait un jour conduire à la compréhension d’un processus physique encore inconnu ».
Cette lettre ne figure peut-être pas en bonne place sur la liste des inventions et des théories les plus remarquables d’Einstein.
Pourtant, plus de 70 ans plus tard, la recherche apporte un nouvel éclairage sur les processus qui permettent aux oiseaux migrateurs de parcourir le globe et de parcourir des milliers de kilomètres pour atteindre un endroit précis. Les processus utilisés par les animaux sont également à l’origine de nouvelles technologies, notamment les vols de drones et les robots sous-marins ressemblant à des poissons.
Source: Journal of Comparative Physiology A .
Toutefois, une récente expérience parue dans le journal e-neuro, laisse entendre que le cerveau humain serait lui aussi en mesure de détecter le champ magnétique sans en être conscient.