De nombreux mystères règnent autour du sphinx de Gizeh. Cette sculpture monolithique est considérée comme la plus grande du monde. Mais elle est également la sculpture la plus controversée de tous les temps.

Cette sculpture monumentale de plus de 20 mètres de hauteur, a survécu aux tempêtes les plus fortes, depuis le siècle qui l’a vu naître. Il ne connaît qu’un seul ennemi le sable.

Le Sphinx de Gizeh a nécessité, au cours des siècles, de nombreuses campagnes de dégagement.

Cependant, malgré un désensablement complet, cette figure emblématique de l’Égypte Ancienne, continue à diviser tous ceux qui osent l’étudier.

À quand remonte les premiers récits sur le sphinx de Gizeh ?

Curieusement, parmi les premiers récits qui mettent à l’honneur les pyramides, il n’y a aucune note concernant le sphinx.

C’est le cas d’Hérodote qui visita l’Égypte autour de 440 av J.C. Cet historien évoque dans ces récits les 3 pyramides, mais ne fait aucune allusion au sphinx de Gizeh.

Pourtant, Hérodote était un passionné des monuments égyptiens. À cet égard, il n’aurait pas manqué d’évoquer cette sculpture monumentale.

Strabon, qui explora, l’Égypte sous le règne d’Auguste ne fait aucune allusion au sphinx. Tandis que Pline son contemporain, en décrit la tête avec émerveillement.

L’absence d’une description du Grand Sphinx parmi les récits qui glorifient les 7 merveilles du monde pourrait s’expliquer par un phénomène naturel. Il est fort possible que pendant la domination perse entre le IVè et Vè siècle av J.C. le sphinx ait été complètement recouvert par le sable du désert ou seule la tête émergeait peut-être du sol. ( Source: persée )

Il en serait ainsi, jusqu’au milieu du XIXe siècle, seule la tête de la sculpture émergeait du sol.

photo du sphinx enfoui dans le sable

Le sphinx avant son désensablement en 1926

C’est l’égyptologue Émile Baraize qui désensablera complètement le corps du sphinx. Un travail qui sera poursuivi à partir de 1936 par Selim Hassan.

À partir de 1979, le service des antiquités égyptiennes entreprendra de nombreuses restaurations, notamment sous la direction de Zahi Hawass.

Qu’ont découvert les archéologues lors du désensablement ?

Lors du désensablement du sphinx de Gizeh, les chercheurs ont découvert une stèle qui se trouvait entre les pattes du sphinx. Appelée la stèle du rêve, elle raconte la prédiction de Thoutmôsis IV lorsqu’il était adolescent.

Thoutmôsis IV raconte qu’après une chevauchée dans la région de Memphis, il s’était assoupi à l’ombre du dieu. Pendant son sommeil, le Sphinx lui-même, lui apparut et s’adressa à lui comme un père s’adresse à son fils, lui demandant d’ôter le sable qui l’ensevelissait petit à petit.

La stèle du rêve découverte au pied du sphinx

La stèle du rêve découverte entre les pattes du Sphinx

Thoutmôsis fit désensabler le Sphinx pour satisfaire le dieu, lui promettant en échange le trône du royaume d’Égypte. Il fit également construire une série de murs d’enceinte en briques de terre enduits de plâtre de neuf mètres de hauteur pour protéger la statue d’un nouvel ensablement.

Cet événement légendaire, consigné sur la stèle, lui servit de propagande pour asseoir sa légitimité en étant associé à la postérité du Sphinx.

Quelle légende renferme le sphinx ?

La légende raconte que la bibliothèque de l’ile engloutie connue sous le nom d’Atlantide, est rangée sous le sphinx, avec une entrée près de sa patte droite.

Il est vrai que le Sphinx est un thème récurrent des écrivains mystiques.

Cependant, l’égyptologue français Émile Baraize vient mettre fin à cette idée. L’égyptologue affirme avoir découvert un tunnel à l’arrière du sphinx, lors du désensablement en 1926. Seulement, après avoir exploré ce tunnel, se terminant en cul de sac, il en condamne l’accès.

Ainsi, l’égyptologue Émile Baraize met fin aux spéculations concernant un savoir enfoui sous le sphinx. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien sous le sphinx….

Y a-t-il quelque chose caché sous le sphinx ?

Les allégations concernant un vaste réseau de tunnels sous le sphinx de Gizeh regagnent en popularité à partir des années 2000.

La raison à cet engouement nous vient des égyptologues qui ont découvert l’entrée d’un système de galeries souterraines sous le plateau de Gizeh.

Plus précisément, des puits menant à des salles et un système de tunnels semblant d’un côté conduire au Sphinx, de l’autre à la Grande Pyramide.

« Beaucoup de gens pensaient qu’il y avait des tunnels menant au Sphinx et un autre menant à la Grande Pyramide, mais ce n’est que lorsque nous avons envoyé un jeune garçon dans un tunnel dans le mur ouest que nous avons trouvé cette découverte passionnante », a déclaré M. Hawass. (source : BBC )

Ces fouilles, situés à 200 mètres du sphinx de Gizeh vont révéler «  Le puits d’Osiris ».

Qu’est-ce que le puits d’Osiris ?

Le puits d’Osiris est un puits profond, situé à 200 mètres du sphinx, sous la chaussée montante de Képhren.

Ce puits recouvert de grilles semble à première vue n’aboutir nulle part. Il constitue l’un de ces lieux secrets bien gardés qui font l’objet de tant de spéculations.

Sa découverte remonte en 1945 par l’archéologue égyptien Abubakr Abdel Moneim. Cependant, cet étrange puits inondé n’a été fouillé officiellement qu’en 1999. ( Source: Futura science )

Le puits d’Osiris va révéler 3 niveaux composés de niches menant à une salle située à 30 mètres de profondeur.

À l’intérieur se trouve un sarcophage en basalte sur lequel il est inscrit le mot hiéroglyphique « pr », signifiant « la maison ».

La chambre finale qui fut ainsi trouvée était peut-être un tombeau symbolique pour le dieu Osiris, le dieu des morts qui protégeait les tunnels souterrains et les tombeaux des rois. C’est la raison pour laquelle le Dr Zahi Hawass l’a nommée  » le puits d’Osiris « .

Suite à cette découverte, l’Égyptologue Zahi Hawass a déclaré qu’il n’y aurait plus rien à voir dans le puits d’Osiris. Un avis qui ne fait pas l’unanimité.

C’est le cas de Robert Mingam, un homme se décrivant comme égyptologue, Historien et conférencier offre un tout autre discours, que celui de Zahi Hawass.

Sur son site, il décrit en image être descendu dans le puits entre 1995 et 1997. Plus de deux ans avant la déclaration du Dr Zahi Hawass. ( Source : Egyptissimo )

Les photos du site sont agréables à visionner et nous font descendre dans le puits d’Osiris étage par étage. Cependant, il faut rester prudent sur la crédibilité du site.

Un autre document vient semer le trouble sur l’annonce officielle du puits d’Osiris en 1 999. Cet article de presse mentionne la découverte de tunnels sous le plateau de Gizeh, mais en 1935.

Article de presse sur la découverte de tunnels sous le plateau de Gizeh en 1935

Article de presse sur la découverte de tunnels sous le plateau de Gizeh en 1935

La polémique est née du fait que certains attribuent la découverte de puits d’Osiris au Dr Selim Hassan, qui l’aurait mentionné dans son dans son cinquième volume « d’Excavations At Giza » couvrant la période 1933-1934. ( source: Dossiers secrets )

D’autres attribuent cet article à la découverte du puits Campbell par la colonel Vyse. Cependant, le colonel Vyse à découvert ce puits 100 ans auparavant en 1837.

Qu’est-ce que le puits Campbell ?

Le puits Campbell, est un puits situé à 30 mètres à l’arrière du sphinx. Il fut découvert par le colonel Vyse en 1830. Ce puits, continue de nos jours à susciter la polémique.

Le colonel Vyse trouva ce puits étrange, très large, presque carré 9m x 8m. Or, le 11 février 1837, après avoir déblayé le sable sur plus de 30mètres de profondeur, le colonel Vyse descendit dans le puits et arriva sur ce qui lui sembla être le fond.

Il se trouva au centre d’une petite construction en maçonnerie qui se révéla être une tombe. Il y trouva 4 sarcophages, 3 en basalte et un schiste bleuté conservé au British Museum.

La datation même des sarcophages divise. Ils se situeraient entre la 4è dynastie et la 26è dynastie soit (600 av J.C.)

Mais selon le colonel Vyse, ce lieu semble bien plus ancien que les artefacts découverts.

Ce qui saute aux yeux, c’est que ce puits semble beaucoup plus ancien que la 4è dynastie.

Le colonel Guy Claude Mouny  commandeur national de l’ordre du mérite déclare dans son livre co-écrit avec Guy Gruais , que le puits Campbell aurait servi comme bassin contenant une plateforme montante et descendante par la pression de l’eau contenue entre les parois.

Ils suggèrent que ce puits aurait pu servir d’élévateur impliquant un canal souterrain avec un jeu de pente et dont l’écluse serait une vanne. ( Source : alentours du sphinx PDF )

Certes la fonction même de ces puits ne fait pas l’objet d’un consensus. Est-ce que la fonction première de ces tunnels, était d’être utilisés comme tombeau ?

Toutefois, on peut affirmer avec certitude qu’il existe un vaste réseau souterrain entre le sphinx et la pyramide. La découverte du puit Campbell, accompagné de la découverte du puits d’Osiris ( en 1935 ou 1999 selon les avis) en sont la preuve. Malheureusement, le niveau des nappes phréatiques rend l’exploration difficile.

Quand le Sphinx de Gizeh t-il été construit ?

La datation du sphinx, est sans aucun doute le sujet le plus controversé. Et pour cause, les avis divergent entre Géologues et Egyptologues. 

L’auteur de cette controverse est René Adolphe Schwaller de Lubicz, un égyptologue français de réputation mystique. Il a été le premier à désigner des preuves d’érosion par l’eau sur les enceintes du sphinx dans les années 1950.

Ces idées sont défendues par Robert M. Schoch, un géologue et professeur agrégé de sciences naturelles au collège d’études générales de l’université de Boston.

Il a conclu, à partir des altérations de la roche des murs d’enceinte que le Sphinx pré-date la période dynastique. Une aberration pour les égyptologues.

Pourtant, l’écrivain journaliste, Graham Hancock soulève un point de vue intéressant.

Si l’on reprend la « Stèle du Sphinx », qui a été érigée sur le site vers -1400 par Thoutmosis IV. Celle-ci nous apprend qu’à cette période le monument était recouvert de sable jusqu’au cou. Or, les conditions climatiques qui prévalent en Égypte, et notamment à Gizeh, n’ont pas subi de changement notable au cours des cinq derniers millénaires.

Il suggère que tout au long de cette période, le site du Sphinx est resté tout aussi susceptible d’être envahi par les sables qu’à l’époque où Thoutmosis le fit dégager.

De plus, l’histoire récente démontre que la tranchée qui entoure le monument peut se remplir rapidement dès qu’on cesse de l’entretenir.

C’est le cas en 1818, où le capitaine Caviglia fit déblayer des tonnes de sable avant de pouvoir entreprendre ses fouilles. Mais également en 1886, lorsque Gaston Maspéro explora à nouveau le site, il dut lui aussi le dégager.

Trente-neuf ans plus tard, en 1925, les sables étaient revenus en force et le Sphinx était à nouveau enterré jusqu’au cou, lorsque le Service des Antiquités égyptiennes entreprit la restauration du monument.

L’écrivain Graham Hancock émet alors l’hypothèse que le climat devait être très différent lorsque le fossé ceinturant le Sphinx fut creusé ?

À quoi bon sculpter cette immense statue si elle était vouée dès l’origine à être engloutie par les sables du Sahara oriental ?

Dans la mesure où le Sahara est un désert récent, et où il est prouvé que la région de Gizeh, en particulier, était humide et relativement fertile il y a environ douze mille ans, ne peut-on envisager un autre scénario ? (source : Graham Hancock )

Ainsi, selon le célèbre journaliste écrivain, Graham Hancock, le sphinx appartiendrait à une civilisation antérieure aux Égyptiens. Mais l’archéologie officielle, soutient fermement que l’âge du sphinx remonte à environ 2 500 av J.C.

Il est à noter que les nombreuses restaurations appliquées sur le sphinx rendent sa datation encore plus compliquée.

Pourquoi le sphinx à t-il érigé cet endroit précisément ?

Récemment, c’est une simple photo qui a relancé le débat. Elle a été publiée par le ministère des antiquités égyptiennes sur sa page facebook.

Or, cette photo laisse apparaitre un coucher de soleil juste au-dessus de l’épaule du Sphinx. On pourrait croire à un heureux hasard, mais se coucher de soleil à lieu précisément chaque année lors de l’équinoxe de printemps.

photo du sphinx de Gizeh avec un couché de soleil sur l'épaule

Cette photo suggère que l’emplacement du sphinx n’est pas du au hasard

Il faut savoir que l’équinoxe correspond au moment où la durée du jour est égale à celle de la nuit. L’équinoxe de printemps se produit généralement le 20 ou 21 mars.

Or cet impressionnant phénomène ne se produit que deux fois dans l’année. Ces deux dates correspondent exactement au moment où le soleil se trouve au zénith sur l’équateur terrestre.

Les anciens Égyptiens vénéraient particulièrement le soleil à travers le culte de Râ. Face à ce cliché, certains égyptologues n’hésitent pas à affirmer que l’emplacement du sphinx, ne serait pas un hasard.

Ceci suggère, que la statue de 20 mètres de haut et 73 mètres de long a été érigée à cet endroit dans un objectif astronomique et religieux.

« Ce phénomène prouve que les archéologues se trompaient quand ils disaient que les Égyptiens avaient trouvé une pierre par hasard et l’avait changée en une statue à visage humain et au corps non-humain », écrit le ministère dans sa publication. (source:  géo)

Pourtant, l’archéoastronomie sur le plateau de Gizeh avait déjà été soulevée par Robert Bauval. Ce passionné d’astronomie, avait observé une corrélation entre le site de Gizeh et les étoiles de la constellation d’Orion. Mais, sa théorie avait suscité de vives polémiques, car Bauval situe cet alignement astronomique en 10500 av. J.-C. 

Le sphinx de Gizeh a-t-il toujours été un sphinx?

C’est la théorie proposée par Robert Temple, qui suggère que le Sphinx n’est autre qu’Anubis en position accroupie.

Le sphinx de Gizeh ne pourrait être Anubis

Le sphinx de Gizeh pourrait être Anubis selon Robert Temple

Pour Robert Temple la disproportion qu’il y a entre le corps et la tête n’est pas cohérente par rapport à la précision et à la perfection qu’avaient les Égyptiens envers leurs sculptures.

« Quand on connaît un tant soit peu l’Égypte antique et ses statues, on sait qu’elles avaient des proportions parfaites. Alors pourquoi les Égyptiens tailleraient-ils ce qui est resté la statue la plus célèbre du monde et rateraient ses proportions ? » R Temple

Là encore, cette question divise les spécialistes. Les civilisations anciennes n’ont pas fini de nous surprendre.