Qu’est-ce qu’une substance psychédélique ?
Les effets des produits psychédéliques font un grand retour dans la communauté scientifique. Plusieurs études publiées mettent en avant les vertus que peuvent apporter ces psychotropes. Seulement entre psychotropes, drogues, produits psychédéliques, il est difficile de faire la différence.
En effet, la drogue est l’usage d’un produit psychotrope à usage non médical. Un psychotrope est une substance ayant un effet sur le système nerveux.
Seulement parmi les psychotropes, il existe une famille appelée psychédélique. Ces produits psychédéliques, à la différence des autres psychotropes, ont des actions pharmacologiques variées.
On associe bien souvent le terme psychédélique avec hallucination. Or il existe trois familles d’hallucinogène (les psychédéliques, les délirants et les dissociatifs). Le terme de substances psychédélique ne devrait donc désigner que les hallucinogènes psychédéliques et non pas les hallucinogènes en général.
Or, c’est sur les effets des substances psychédéliques, et uniquement celle-ci, que la science s’intéresse.
Les études scientifiques sur les produits psychédéliques.
Ce n’est qu’en 2000, que la célèbre université de John Hopkins a eu l’approbation réglementaire des États-Unis. Cette approbation à pour but de relancer la recherche sur les vertus des psychédéliques chez des volontaires sain.
En effet, ces recherches ont commencé dans les années 1960 et se sont brusquement arrêtées dans les années 1970, suite à une couverture médiatique défavorable, entraînant une perception erronée sur ces produits.
En janvier 2015 la revue médicale The Lancet, plaidait pour étendre les recherches sur le potentiel thérapeutique de ces « drogues ». Sans danger physiologique et très faiblement addictive.
Toutefois, il semblerait qu’il y ai un conflit d’intérêts sur l’usage des substances psychédéliques. En effet, la psychiatre Julie Holland qui plaide la cause de ces psychotropes, déclare que les essais thérapeutiques sont condamnés à un désintérêt total de la part des compagnies pharmaceutiques.
«Jamais les Big Pharma n’investiront un centime. Non seulement ces molécules sont dans le domaine public, mais elles sont efficaces en une seule prise. L’industrie pharmaceutique ne croit qu’en la dose quotidienne. C’est une menace pour son modèle.»
Pourquoi relancer la recherche sur ces psychotropes ?
Paul B Rothman, doyen de l’école de médecine de l’université et PDG de Johns Hopkins Medecine, cite de manière explicite sur le site internet Center for Psychedelic & Consciousness Research.
«Johns Hopkins est profondément engagé dans l’exploration de traitements innovants pour nos patients. Nos scientifiques ont montré que les psychédéliques ont un réel potentiel en tant que médecine, et ce nouveau centre nous aidera à explorer ce potentiel. »
En effet, la recherche sur les psychédéliques a été interrompue pendant 30 ans. Toutefois, les rares études réalisées depuis les années 2000 sont si prometteuses que la communauté scientifique a exigé un changement sur la juridiction en place concernant les substances psychédéliques.
Les futures recherches porteront sur la façon dont les psychédéliques affectent la cognition, la fonction cérébrale et les marqueurs biologiques de la santé.
Les vertus des champignons psychédéliques.
L’homme a des besoins indispensables pour évoluer. Des études confirment que la pensée créative, les liens sociaux et l’empathie sont des besoins fondamentaux pour la coopération quotidiennes, nous permettant de nous adapter à un environnement en évolution. (source)
Cependant, une étude a été publiée dans Journal of Psychoactive Drugs pour évaluer les effets subaigus de la psilocybine sur la pensée créative, l’empathie et le bien-être subjectif.
Or, il s’avère que la psilocybine est l’ingrédient actif des champignons psychédéliques. Les 55 participants de cette étude ont consommé ces champignons en infusion. Les participants ont ensuite passé une série de tests visant à évaluer leur empathie, leur créativité et leur bien-être général. (source)
La conclusion de l’étude sur les effets des produits psychédéliques:
Les résultats mettent en avant des effets bénéfiques des psychédéliques jusqu’à 7 jours après la consommation.
«Nous avons constaté que la psilocybine, lorsqu’elle était prise dans un cadre naturaliste, augmentait les aspects de la créativité et de l’empathie le lendemain matin et 7 jours après son utilisation. De plus, la psilocybine a également amélioré le bien-être subjectif.
Fait intéressant, les changements dans le bien-être étaient en corrélation avec les changements d’empathie après l’utilisation de la psilocybine. »
Le test a également entraîné une nette amélioration de la capacité des utilisateurs à résoudre des problèmes donnés et à s’éloigner des schémas mentaux négatifs.
«Ces résultats ouvrent la possibilité à ceux qui souffrent de troubles, de rompre avec des cycles de pensée traumatisants ou autrement destructeurs et de «générer de nouvelles stratégies cognitives, émotionnelles et comportementales efficaces », a déclaré le chercheur.
Une étude distincte a récemment montré comment une micro-dose de psilocybine loin du niveau nécessaire pour effectuer un état modifié de conscience connu sous le nom de « trip » pouvait augmenter la créativité des participants. (source)
Des psychédéliques dans la théorie de l’évolution.
Cette théorie est proposée par Terrence Mc Kenna, elle est connue sous le nom de « l’hypothèse du singe drogué ». Cette hypothèse n’est absolument pas reconnue par la science.
Toutefois, l’hypothèse de Mc Kenna détaillé dans son livre « food of the gods » suggère que nos ancêtres primates auraient suivi les grands troupeaux d’animaux. En suivant ces troupeaux, nos ancêtres seraient tombés sur ces champignons psychédéliques et les auraient intégrés à leur alimentation.
Selon McKenna, l’acuité visuelle obtenue avec une faible dose de psilocybine aurait offert un énorme avantage évolutionnaire pour la chasse. La communauté aurait eu plus de nourriture, ce qui a pour résultat un groupe en meilleure santé et de meilleurs taux de reproduction, ce qui en fait est tout simplement le but de l’évolution.
McKenna met en avant le fait que la stimulation psychoactive des champignons magiques aurait encouragé la communication vocale. Il n’avait pas tout à fait tort puisque l’étude (vue plus haut dans cet article), montre que les principes actifs des champignons (la psilocybine) améliorent les liens sociaux. Si pour certains ceci n’est qu’une hypothèse loufoque, d’autres en revanche la prenne très au sérieux.
La théorie du singe drogué.
La théorie du singe drogué a récemment reçu un nouvel élan de la part du mycologue Paul Stamets. Il affirme que « la théorie du singe défoncé » et très plausible pour expliquer l’évolution soudaine de l’Homo Sapiens.
«Ce qui est vraiment important pour vous de comprendre, c’est qu’il y a eu un soudain doublement du cerveau humain il y a 200 000 ans. D’un point de vue évolutif, c’est une expansion extraordinaire. Et il n’y a aucune explication à cette augmentation soudaine du cerveau humain », explique Stamets.
Cette hypothèse est loin de faire l’unanimité, mais une étude de l’université de Californie a montré que les produits psychédéliques augmentent la neuritogenèse, la spinogenèse et la synaptogenèse. En d’autres termes les psychédéliques favorisent la plasticité cérébrale. (source)
Nous commençons seulement à entrevoir les effets positifs procurés par les substances psychédéliques sur l’homme. Malgré ces résultats, ces produits sont associés à des drogues qui affectent la conscience, qui rendent accroc, qui sont dangereux pour la santé.
Or, en neuroscience, il faut se méfier des préjugés, cette discipline l’a montré a plusieurs reprise…
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