Le chamanisme est la plus ancienne tradition spirituelle et de guérison de l’humanité. Cette pratique existe sous des formes remarquablement similaires dans toutes les cultures.
Souvent considéré comme une pratique abracadabrante, loufoque réservé aux fous. Elle fait pourtant l’objet d’une étude, qui elle n’a rien de fantaisiste.
C’est une pratique centrée sur un état modifié de la conscience. Elle a pour but de mettre en relation l’esprit des humains avec les esprits de la nature, les âmes des animaux, celle des enfants à naître, des malades à guérir etc…
Son origine fait depuis les années 60 un sujet de débat entre les anthropologues. Pour certains cette pratique serait apparu au paléolithique. Certains d’entre eux ont établi une comparaison, entre le chamanisme et les peintures pariétales des sites sud-africains. Cette thèse fut reprise pour l’art paléolithique eurasiatique.
Dans le livre de D. Lewis William « chamane de la préhistoire » les anthropologues vont même jusqu’à proposer une explication unique et unilatérale sur l’origine des religions. Cependant ces interprétations ont été jugées trop littéraires. Manquant ainsi de rigueur scientifique et n’ont pas été accepté par la plupart des spécialistes.
Le chamanisme une simple histoire de drogue ?
On associe souvent à tort, l’absorption de produits psychotrope avec le chamanisme. Ce qui est bien sur le cas pour certaines cultures, notamment pour les chamans amérindiens d’Amazonie. L’ayahusca est une préparation à base de lianes prise sous forme de breuvage. Fournissant ainsi des hallucinations visuelles à ses utilisateurs sous le son des tambours.
Mais certains chamanes parviennent à cet état de transe sans aucune consommation de produits. C’est le cas pour les chamanes mongols, qui parviennent à un état de transe uniquement au son des tambours.
A l’époque, les anthropologues pensaient que la transe faisait partie de la théâtralisation du rituel chamanique, et donc que les chamanes «faisaient semblant». Aujourd’hui, la posture des scientifiques évolue. Certains considèrent la transe comme un sujet d’étude sérieux.
Première femme occidentale à devenir officiellement chaman.
Corinne Sombrun a grandi à Ouagadougou, de retour en France elle fait des études de musicologie. En 1999 elle s’installe à Londres et travaille comme compositrice et fait des reportage pour BBC World Service.
C’est en 2001 que tout va basculer pour Corinne. L’un de ses reportages l’a conduite en Mongolie où elle prit part à un rituel chamanique.
Dans un article de Geo Corinne Sombrun déclare: (voir l’article complet)
Le chamane a commencé à jouer du tambour. Dès les premiers instants, mes bras se sont agités en tous sens, puis mes jambes, et des sons sont sortis de ma gorge : des cris de loup.
J’avais conscience de ce qui se passait. C’était effrayant et, à la fois, j’éprouvais un besoin terrible de le faire. Après coup, le chaman m’a invitée à venir m’asseoir à côté de lui et m’a dit : «Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais chaman ?» Bien sûr, je n’en savais rien !
Selon lui, si le son du tambour m’avait fait cet effet, cela signifiait que j’avais le «don». En Mongolie, on estime qu’environ une personne sur 100 000 réagit de cette façon aux rythmes et sonorités de cet instrument… Le chaman m’a alors dit que je devais rester trois ans d’affilée avec lui afin d’être formée.
Le chaman lui a affirmé que les esprits l’avaient choisi, qu’ils avaient décidé cela et que sa vie serait un enfer si elle refusait. Cela a fait écho à des épisodes personnel et très difficile que Corinne venait de traverser.
Après une longue réflexion Corinne accepta, à condition de venir quelques semaines par an sur une période de huit ans.
Corinne Sombrun déclare également :
Ce qui m’intéressait n’était pas vraiment de devenir chaman, mais de comprendre comment le son d’un tambour pouvait influencer mon cerveau à ce point.
Cette histoire vraie, donne suite à un film « Un monde plus grand » dâte de sortie le 30 octobre 2019.
Le chamanisme et la transe face aux neurosciences.
Loin des simulations farfelues que l’on pourrait s’imaginer cet état de transe au son des tambours sans drogues, existe bel et bien.
Corinne Sombrun a commencé à collaborer au canada au côté de Pierre Flor Henry, directeur du centre de l’hôpital Alberta à Edmonton. Seulement pour entrer dans cet état de transe, il a fallu recréer des bandes sonores avec des fréquences particulières.
Cette Bande sonore a été testée en 2015 sur vingt étudiants à l’école des beaux-arts de Nantes. Seize d’entre eux ont eu accès à la transe dès la première écoute. Ce qui lui a valu un article en mars 2017 dans la revue Cogent Psychologie.
Les résultats montrent qu’il y a effectivement une modification très importante du fonctionnement du cerveau.
La déclaration Corinne Sombrun déclare: (voir l’article complet)
La transe permettrait, en quelque sorte, un accès amplifié à la réalité. C’est peut-être ce qui explique pourquoi le chamane communique avec la nature. Un arbre, un mur, une plante, nous envoient des «informations» que nous sommes peu capables de capter en temps normal. Depuis quelques années, des scientifiques travaillent sur la communication entre les arbres, la transmission d’informations sur leur état de santé, par exemple. Il semblerait que nous recevions ce type d’informations durant la transe.
Le cerveau est un filtre. Il reçoit des millions d’informations à la seconde, mais toutes ne passent pas dans la conscience. Il sélectionne ce dont nous avons besoin pour survivre et ce qu’on l’a entraîné à trier. Pendant la transe, ses circuits subconscients sont intensément sollicités – bien plus qu’à l’habitude. Or, les temps de réponse des circuits subconscients sont de l’ordre de cinquante milli-secondes, alors que l’accès à la conscience est environ six fois plus lent. Le nombre d’informations utilisées par le cerveau augmente donc durant la transe.
La transe Chamanique, un état modifié de conscience.
L’institut Max Plank décrit la transe chamanique comme un état modifié de conscience, comme une signature de réseau cérébral spécifique et à un découplage perceptuel. (article de Max Planck neuroscience)
Quinze praticiens chamaniques expérimentés de toute l’Allemagne et de l’Autriche ont été invités à participer à des expériences utilisant la technique avancée d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). L’imagerie a été réalisée avec les chamans entrant ou sortant de la transe tout en écoutant du tambour.
Les analyses ont révélé beaucoup de choses sur la connectivité dans le cerveau des chamanes, c’est-à-dire les liens fonctionnels entre les régions de leur cerveau, pendant la transe
Les scientifiques ont noté, par exemple, une connectivité accrue dans le cortex cingulaire postérieur, un important hub de réseau implicite impliqué dans la pensée dirigée de manière interne, ainsi que dans le cortex insula et le cortex cingulaire antérieur, deux régions centrales du réseau de contrôle. La co-activation de ces zones indique que le réseau de contrôle joue un rôle dans le maintien d’un état dirigé en interne étendu pendant la transe.
Quel est l’importance des percussions dans ces rituels chamaniques ?
Les enquêteurs ont également constaté, au cours de l’état de transe, des signes de diminution de la connectivité dans la voie auditive du cerveau. Cela suggère que le son de la batterie répétitive, qui accompagne souvent les rituels chamaniques, est tellement prévisible qu’il nécessite peu de traitement supplémentaire et peut être en grande partie bloqué.
Cela pourrait expliquer – peut-être paradoxalement peut-être – pourquoi les percussions sont si communément utilisées pour induire une transe. L’application délibérée d’un tel «stimulus externe prévisible» aide le chaman à se désengager de l’environnement extérieur, a déclaré Hove. En même temps, cela sert à étendre l’état dirigé intérieurement du chaman, facilitant ainsi la clarté et la compréhension associées aux rituels.
Hove et ses collègues ont publiés des résultats en ligne. source: Académie d’Oxford Cortex cérébral, Volume 26, numéro 7, juillet 2016, pages 3116-3124
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